• Pesanteur

    Lundi 9 mai : un autre monde

    Dans cet autre monde, il n'y a plus du partisan d'une autre Europe, juste des franchouillards repliés sur eux-mêmes, xénophobes... L'existence d'un Non de gauche est considérée comme une frange que l'amalgame extrême droite-Non à la Constitution suffirait à faire entrer au bercail. Saluons donc l'incongruité d'un Delors qui reconnaît le Non de gauche, même si, du coup, il est contraint de se replier sur le peu glorieux argument du «meilleur des compromis possible, donc je vote oui». On pourrait ici discuter à foison le glissement des valeurs de gauche qui s'incarneraient désormais dans l'économie sociale de marché, dont aucun contour social n'est à ce jour esquissé.

    Quant à la campagne, l'équilibrage de la tendance suffit. Il s'agit maintenant de détourner l'attention, de mobiliser à droite pour le 29 mai, de dire «ayez confiance». Les jalons de la peur collective d'un moins d'Europe, soulignée (à peine en filigrane) à l'occasion des commémorations du 8 mai, sont désormais posés. On évoque la Constitution comme une protection de plus... Reprenant un soi-disant argument du Non «tous nos malheurs viennent de l'Europe» les pro-Oui s'en tiennent à marteler le contraire : «Grâce à la Constitution, tout va s'arranger.»

    Dans l'Humanité, une nouvelle campagne publique (800.000 euros en affichage 4x3m), «impartiale et neutre», les affiches citent des articles par petits bouts et les tranforme en slogans. Comme un surligneur qui ne s'attarderait que sur les mots de paix, de liberté, du bien-être du peuple. Les presque 60 ans de construction, s'ils se déroulés dans une Europe en paix (mais aussi en guerre : décolonisation, guerre du golfe 1 et 2, ex-Yougoslavie...) sont pourtant bien discutables sur les chapitres de la liberté, du bien-être.
    Bref, on peut bien vivre de nombreuses révolutions, sans jamais se départir d'une idée libérale. On peut posséder toute la rigueur scientifique, tout en ne démontrant que sa vacuité à penser les systèmes politiques au-delà d'un simple collage de faits dont l'interprétation ruine légitimité. On peut être l'une des rares à s'être arrachée aux lois de la pesanteur sans rien n'y avoir gagner en recul et retomber avec fracas, une fois sur terre, dans la sous-pensée intellectuelle. Claudie Haigneré en apporte la preuve.


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