• Lundi 11 avril : début de campagne

    Et si la vraie campagne allait vraiment commencer. Les partisans du oui pourraient dire à antenne grande ouverte leurs slogans, faire des raccourcis.Pendant que le on se trouverait «ringardisé». Hollande : «Le Pen n'a pas besoin de faire campagne, ceux qui appellent à voter le non le font pour lui...» Renvoyer un camp à un vote, plutôt que contrer les arguments qui viennent sur sa gauche, rélève l'inquiétude du maire de Tulle, mais aussi un impeccacble sens de la démagogie. Il faudra bien pourtant un jour faire l'examen de conscience du 21 avril.

    Une autre avis subjectif, sans doute...,

    Mais alors, observons la Constitution, traitée par le journal de 13h de France 2, le samedi 8 avril. Dès 13h08 : deux reportages (sans doute objectifs puisqu'on va y voir un homme de gauche (Hollande, PS) et un homme de droite (Sarkozy, UMP)... Que les deux se réclament du camp du oui, n'a sans doute que peu d'importance aux yeux de Béatrice Schönberg.
    Sarkozy en campagne, «par audioconférence», «démultiplie l'action». Du côté des citoyens, un groupe de jeunes dans un appartement agréable, n'a pas encore d'opinion. Mais en fin de reportage, tous «trinquent au oui».
    Puis François Hollande qui «développe un nouvel argument pour le oui.» En fait de nouveauté, le 1er secrétaire du PS explique qu'un non ne débouchera pas sur un nouveau projet. «Il n'a aura pas d'autre constitution, mais le marché restera, comme la commission Baroso, comme Raffarin, et Chirac, jusqu'en 2007...» Un nouvel argument demanderait que l'on s'appuie sur le texte, que l'on cite des articles... pas seulement que l'on développe un plan de campagne (jusqu'aux futurs Présidentielles)... ou que l'on cherche à effrayer en assénant le principe de modernité. Mais où se cache donc la nouveauté annoncée par la journaliste ?... Le journal n'évoquera plus la Constitution pendant cette édition. Allons voir le pape...

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  • Jeudi 7 avril : le parti de l'église et de l'argent

    (Humanité du 7 avril) Nous y voilà. Pour annoncer son oui à la constitution, le MEDEF a choisi la Chine et Pékin ; les néo-communistes peuvent bien s'asseoir sur leur peuple... Ils deviennent des interlocuteurs valables pourvu qu'ils fassent la promotion du capitalisme. En compagnie de Giscard, Seillère a habillé son discours d'une rhétorique quasi-sociale, expliquant que la Constitution était un bon moyen de résister aux effets de la mondialisation. Quand on connaît les positions de l'UNICE, le syndicat européen des patrons (à la tête duquel Seillière postule), on se dit que le choix du président du MEDEF ne doit rien au hasard.
    L'épiscopat européen s'exprime lui aussi pour le traité constitutionnel.
    «Voir que le MEDEF et l'église appellent à voter oui, devraient suffire à faire gagner le non», explique un sans-grade.
    Sur le terrain social, les lycéens essuient de nouveaux coups de matraque dans toute la France : une manière de plus de promouvoir le dialogue social, à moins que nos représentants démocratiques jugent que la répression policière symbolise le courage politique, voire de la pédagogie. Céder aux pressions, oui, mais pas à celles de la rue, pas à celle du peuple...

    Reste que ces satanées sondages, malgré un déséquilibre remarquable dans l'accession du non aux grands media, mettent le camp du oui sans dessus dessous. On en appelle aux soutiens de l'étranger. A sens unique là aussi : la voix du non ne serait que franco-française. Mais en Belgique, en Suède, la belle façade se lézarde, tandis que le parlement italien en a profité pour ratifier le traité, dans un silence de cathédrale. Le débat démocratique en loucedé. La disqualification du camp du oui, par la politique que mènenet ceux qui le défendent, les obligera à plus d'outrances, là omil y aura référendum. Comme en France, le pays qui porte, dans cette affaire, (grâce au manque de nez de nos élites dirigeantes) la procuration des humbles d'ailleurs.

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  • Mercredi 6 avril : libre antenne pour Bolkestein

    C'est l'heure de gauche de Christine Okrent. Plutôt que de consacrer une émission au non, après Aubry (pour le oui) et Giscard (l'initiateur même du texte constitutif), voilà Lang (pour le oui), le secrétaire national des Verts («voter oui, pour mieux réviser le texte ensuite», sic) avec Arlette Laguiller (pour le non) et Marie-George Buffet (pour le non). Mais alors que l'on s'engage sur le fond, Lang s'évertue à répondre à une autre question, c'est-à-dire la question du jour : «peut-on mener une politique nationale de gauche ?»
    Okrent : en quoi le projet constitue une avancée en matière de droits économiques et sociaux ?
    Lang : pour la première fois, les droits sociaux sont reconnus. Je réfute la thèse du carcan qui nous empêcherait de nationaliser, de mener une politique de gauche...

    Le lendemain matin sur France Inter, Bolkestein apporte, en filigrane, des éléments de réponse. Mais il faut trier. Car il peut tout dire Fritz et son contraire, sans jamais qu'un journaliste ne lui demande la moindre précision. Présenté comme «courageux», il est venu défendre Sa directive sur la libéralisation des services aux Français. Faire de la “pédagogie”. Une communication dans un parfum étrange, ceux qui critiquent la directive se voyant taxés de xénophobes. Et Bolkestein d'affirmer que la disposition dite du pays d'origine ne contredit en rien le droit français, sur le plan économique et réglementaire s'entend. «Les normes françaises (voir l'exemple de la cuve à mazout) s'imposeront aux travailleurs étrangers.» Oui, sauf qu'il ne s'agit pas de ça : le salarié français (tout comme le chômeur) craint tout simplement de se voir concurrencer par une main d'œuvre moins chère, dans son propre métier.
    D'ailleurs, lorsqu'un auditeur pose la question d'un SMIC européen, les deux journalistes volent au secours de Bolkestein pour bien nous faire comprendre que les dispositions sociales relèvent de la seule décision des Etats. Bolkestein estime enfoncer le clou en faisant remarquer que le droit social n'est pas le même au Portugal, en Grèce, en France...
    Oui, mais justement, serait-on tenter d'objecter. Si la France maintient son niveau social, les consommateurs ne sont-ils pas les fournisseurs de service les moins chers ? Ce faisant, n'obligeront-ils pas l'économie à s'aligner sinon à disparaître ? Et qui pensez-vous paiera le prix de compétitivité : les actionnaires, les bénéfices ou les salaires ? A moins bien sûr que le bon Français revendiquent de payer plus cher.

    Même si on évoque les risques de dumping social sur les ondes de France Inter, personne n'irait jusqu'à dresser des (mêmes lointaines) correspondances entre des choix économiques contraignants et un système social de la seule responsabilité des Etats (soumis au pacte de stabilité).

    Raffarin a bien entamé des «ajustements» en terme de compétitivité qu'oblige l'option libérale choisie par l'Europe. Le déisr de séparer la politique intérieure de celle menée à l'échelle européenne ne devrait pas être dictée par les circonstances.

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  • Générations spontanées (ou, le pape a dit : «capotes tu ne mettras pas»)

    Laisser mourir dans la dignité. Promesse d'un après et d'un après meilleur, l'église catholique, amenée par son représentant mondial à s'investir (et finalement à consacrer) dans le libre-échange a rallongé un tragique feuilleton, fort rémunérateur médiatiquement parlant.
    France 2, à la mort du souverain pontif (appellation déposée) consacre son samedi soir à la nouvelle, sur le thème : «quel homme mais n'oubliez pas le Sidaction, faites le 110 !» On saluera donc avec le même dédain pour la vie que les metteurs en scène de ce triste spectacle le paradoxe de celui qui contribua par ses positions (et par le mépris des réalités humaines) à développer l'épidémie en Afrique. Mais en demeurant dans le registre de la charité, le Sidaction permet en effet ce genre de rapprochement.
    La veille (sur France 2, déjà), un vrai reportage de propagande, de ceux où les images entrent en collision avec un commentaire aux allures de dithyrambe. Le pape aux cotés de Pinochet ? La messe à Santiago quand la répression perturbe le bruit des hauts-parleurs ? Une voix-off rassure : «en sous-main, le pape conseillera à Pinochet de quitter le pouvoir.» «L'amour est plus fort que tout», scande Jean-Paul 2 alors que pleuvent les coups de matraque sur la foule, comme le soldat US de haut de son char explique à l'Irakien que les bombes et la misère à venir ne sont rien à côté de cette «liberté» dont on se réclame... Le pape au Nicaragua aussi, face à la rébellion sandiniste qui lui exprime un message de paix. «Silencio ! Silencio ! Silencio!» ordonne le saint-père. Tragique aveu de celui qui a su mettre les media dans sa poche, au mépris des peuples.
    Dans nos média à la réflexion rabougrie, le pape reste celui qui a parlé pour la paix en Irak, et partout ailleurs... Il nous aurait même laissé un message posthume : «l'amour convertit les cœurs et donne la paix» comme un dernier slogan marketé. On vante le charismatique, proche des jeunes...
    Derrière l'agonie sur-retransmise, on ne parlera pas de l'opus déï, de la stratégie vaticane en Europe et en Amérique latine, de son action pour ex-filtrer des dignitaires SS.
    Avec un tel emballement, le oui à la constitution joue sur du velours : il n'a plus qu'à prendre le sillage de la machine espicopale : le site officiel relaie l'appel au oui de la commission des épiscopats de la communauté européenne. Les sondages du non sont montés no-cut avec le «n'ayez pas peur» du pape.
    Jean-Marc Pitte, envoyé spécial à Rome est frappé par le silence total place Saint-Pierre à l'annonce de la mort du pape. Presque muet d'admiration.
    Et quelles infos ! Qui nous disent à longuer d'antenne que le rétrograde serait moderne...

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  • Vendredi 1er avril :
    extrême onction

    Le pape reçoit l'extrême onction, et le mouvement des lycéens bouge encore. Une auditrice s'offusque du traitement de ces deux informations sur Inte. Paoli monte sur ses ergots. Quelques minutes plus tard, le journal s'ouvre avec le Pape, un envoyé spécial est mobilisé à Rome, sans aucune information ni aucun moyen d'en avoir. Puis on parle de Rainier,la pompe à fric. Ensuite, seulement ensuite, «le fonctionnement de plusieurs établissements a été perturbé par les occupations de lycéens.»
    En réalité, derrière un voile qui ne dit pas son nom et s'auto-proclame ligne éditoriale, jamais les lycéens n'ont lâché le morceau. Motivés comme on peut l'être à 20 ans sans doute, avec une conscience politique et des arguments qui effraient plus sûrement. Pourtant, sous les coups de boutoir du gouvernement, le navire de l'Education prend l'eau de toutes parts et les «contrevenants» goûtent de la matraque.
    Et Sarkozy («l'homme providentiel, à l'américaine», dixit Montebourg) fait son show sur la télévision publique, touchant les dividendes de son passage aux Finances, justifiant du même coup la redevance et l'achat d'écrans plats. Inégalités et insécurité sociales, précarisation du travail et explosion des profits,obésité en hausse, et personnalisation à outrance du choix politique, voici déjà le meilleur des USA. A suivre, Sarkozy, donc, et bientôt, le modèle économique sur le Mont Europe, comme la monumentale sculpture gravé dans le Mont Rushmore, avec la face de Giscard en président des Etats-Unis d'Europe. On a pas fini de se donner bonne conscience par des Sidactions africains.

    Guetta sur la même ligne, préfère montrer en exemple le modèle allemand et sa façon de traiter le chômage. Remettre les gens au boulot... Poussons un peu et voilà les enseignants sur les chantiers, les journalistes à la campagne, la pensée rectifiée par l'activité professionnelle... ça ne vous rappelle rien.

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