• Lundi 13 juin : Non rien de rien

    Jusqu'au débat sur la Constitution, la politique n'était qu'une grosse merdasse où on glosait sur les politiciens plus que sur leurs idées et leur idéologie, le libéralisme n'étant pas une chose acquise et indépassable (sinon, les boules...)

    Après la Constitution, ben c'est pareil. Les commissaires européens font comme s'ils n'avaient rien entendu, un peu comme quand il y a une élection européenne avec peu de participation mais comme ça change rien sur le fond, autant s'en contenter. Car pour une fois qu'on demandait notre avis, voilà une majorité qui dit qu'elle n'est pas d'accord et, en plus, l'argumente. On va pas s'emmerder dit-on dans les instances européennes et on va continuer comme si de rien n'était.

    Nos média en tête. Contraints et forcés de venir sur l'idéologie et le terrain des idées (on n'est pas vraiment habitué), ils ont profité d'un changement de visage à la tête du gouvernement pour faire de l'actu. Qu'importe si rien n'évolue dans le domaine des idées. Untel est glamour, un autre apprécié. Bienvenue Hollande, Villepin, Sarkozy.

    Sur France 3, Duhamel lâche Chirac, avec des pincettes, exercice de style pour dire qu'il a tout raté, sur la forme bien évidemment. L'échec au référendum ? C'est parce que Chirac, avant ce scrutin, n'avait jamais communiqué.Il n'a su convaincre. Comme si lorsqu'un produit de merde ne trouvait pas prenuer, c'était forcémet de la faute du vendeur... Le lâchage par le cire-pompes de chef est un vrai exercice de style : épouvantable pour qui sait comment fonctionne ce journalisme, jouissif pour le microcosme politique, dopé à la petite phrase et au coup tordu, la gueule usée mais les bras neufs. N'est pas cumulard de l'analyse politique qui veut. Il faut bien donner des gages de sa capacité à commenter l'insignifiant.

    Ainsi, le choix n'est pas entre libéral et social mais entre action et immobilisme, pas entre choisir cette voie ou celle-là mais entre choisir et ne pas choisir. Jeu de dupes, langue de bois et prospective sur 2007.

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  • Mercredi 1er juin : refus des évidences

    Sur le plateau d'Ockrent (relookage de rigueur, plus peuple), le constat des experts s'arrête aux évidences quand ils ne travestissent pas la vérité. Ainsi, celui-là qui estime que le Non est xénophobe, en prenant un exemple isolé pour en faire une règle, en arguant le public contre le privé, le secteur protégé contre le secteur exposé.

    Les éloquents sont de sortie. Ils parlent bien mais buttent toujours sur os : l'horizon indépassable du libéralisme.

    Face à ce refus d'imaginer autre chose, il faut bien trouver de la majorité dans la minorité, ne monter que des européens pro-Constitution (en Hollande comme en Pologne).

    Car la modernité est (c'est impossible autrement puisqu'on n'arrête pas de vous le répéter) dans la réforme libérale, les conservateurs dans ceux qui veulent sauver leurs maigres acquis sociaux. Grenelle, c'est un peu éventée se risque Ockrent. Et La solution de l'égérie de l'Europe de droite pour que l'europe soit mieux comprise : programmer son émission de propagande à 20h30. Pourquoi pas après tout. En tout cas, ceux qui argumentaient que le camp du non n'avait rien à proposer veulent aujourd'hui tout faire pour ne plus les entendre.

    Il y a eu la sanction des urnes et pourtant on fait comme s'il ne c'était rien passé. Une seule option : plus de libéralisme et la fuite en avant, sous prétexte de modernité. Mais que se passe-t-il, qu'est-ce que c'est cette révolte semble-t-on dire dans le palais de l'Elysée ? Non sire, c'est autre chose.

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  • Mardi 31 mai : La télé ment

    Battus dans les urnes, ils font comme si de rien n'était... A la TV, les grands analystes politiques donnent de Villiers grand gagnant du vote non alors que, précisément, le vicomte n'a pu empêcher la victoire du oui sur ses terres vendéennes. Pareil dans l'est où l'électorat frontiste est généralement enraciné et où le oui fait parmi ses meilleurs scores.

    Sur ce blog enfin, les commentaires néo-nazi et les diatribes anti-communistes démontrent, par leurs outrances, une grande lucidité quant au verdict du vote et au véritable vainqueur de cette bataille électorale caractérisée par une grosse propagande...

    Mais à la TV, dans Le Monde ou dans Libé, ce serait la victoire des xénophobes. Point à la ligne. A ce titre, on n'invite que les perdants de la veille, les pro-libéraux démocrates désavoués, ceux pour qui l'ultralibéralisme est un horizon indépassable avec le quel il faut bien s'arranger et dont eux s'arrangent très bien d'ailleurs.

    Idem pour les réactions dans toute l'Europe. La TV comme pendant la campagne garde ici une belle constance, celle de ne montrer que des européens pro-ouistes. Comme si le non ne pouvait pas être européen.

    Rassurez-vous... La fuite en avant télévisuelle et celle d'une certaine presse (certaine d'avoir raison) n'a pas grand chose à voir avec de l'incompréhension ou de l'incompétence. Pourquoi ? Parce que le marché est indépassable. A ce titre, comme le remarque Arlette avec une certaine justesse (on ne peut pas tjrs se tromper) le grand capital préfère faire monter l'extrême droite (économiquement de droite, comme dirait l'autre et c'est tout ce qui importe au pouvoir financier) qu'une éventuelle redistribution des cartes, et de l'argent.

    A la TV, revoilà Philippe Torreton.Capitaine Conan qui avec sa vie publique de star en bandoulière vient mordicus défendre son oui et son rêve d'Europe. Les délocalisations et le libéralisme, il en sans doute connait tout un rayon. Avec Claire Chazal (star du journal du week-end) c'est dans Paris Match qu'ils mesurent la réalité de la misère sociale de l'Europe concrète qu'ils défendent. Cette parole sans crédit se déverse pourtant largement dans la TV.

    En réduisant la victoire du non au vote xénophobe, c'est celui-là que l'on encourage. Puisqu'on ne parle que de lui. Dans les médias, 2002 n'a laissé aucune trace. D'ailleurs, ils n'étaient pour rien dans la montée du sentiment d'insécurité et de Le Pen.

    A l'issue de la soirée d'élection, Pujadas : «Votre soirée continue sur France 2 avec «Faites entrer l'accusé». CQFD.

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  • J - 2 : filouteries en tout genre

    Feu d'artifice hier à la TV (désolé Ziggy de reparler de smédia mais c'est un peu le thème de ce blog)

    Avec Sarkozy, toute honte bue, qui vient pleurer à la TV de ses problèmes persos. Il y a deux jours, on évoquait cet épisode. Mais le petit nicolas a choisi l'américan style, définitivement. Bienvenue à la trash politique, le volume de l'émotion dans le rouge.

    Des indiscrétions sur une rencontre avec Raffarin auraient mérité plus de relais que les déboires d'un couple, à mon sens. Quand Sarkozy a dit par exemple qu'il voulait reprendre la main, avec son parti (l'UMP) pour s'attaquer enfin... au code du travail, c'est à dire aux droits des salariés (trop frileux qui ne veulent pas du progrès) et des chômeurs (trop feignants...) Là, pour le coup, on y est sur le projet de société à la Sarko. Vous ne voulez pas baisser «votre salaire et votre protection sociale, c'est que vous n'êtes pas modernes...»

    Pour Hollande autre stratégie : se démarquant de Sarkozy (on le comprend) il nous dit que ce n'est pas l'heure pas de manifester son mécontentement. Parce que avec Chirac, tout va continuer comme avant. Mais pourquoi le constitutionnaliser donc ? Pourrait-on lui demander si on était à la place de Stéphane Paoli.

    Et là, François Hollande se lâche sur France Inter : le 21 mars (2002, premier tour des présidentielles) il analyse «on a oublié d'aller voter Jospin». Vous vouliez plus de gauche et François Hollande analyse que l'on a oublié de voter (comme il le pensait sans doute). Idem sur l'Europe «le 29 mai vous allez voter contre l'Europe». Encore ? «Et quoi en 2007, ça va durer encore longtemps la plaisanterie.» On en rigolerait presque si tout cela ne révélait pas moins l'aveuglement qu'une stratégie d'infantilisation de ceux qui doutent. Ceux-là qui pensent encore basculer finiront bien par croire que la vérité de viendra pas de leur propre raisonnement mais du camp des plus audibles.

    Aucun commentaire sur les prestations de Chirac ni l'émission de Chabot, j'aurais trop peur de tomber dans la redite.

    Bon, ben, en conclusion de ces 70 dix jours de chronique, allez voter NON.

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  • Jeudi 26 mai :réponse à Ziggy


    «Tu fais chier maintenant ! Arrete de commenter (critiquer) la tele, la radio et tous les journaux reunis... Sors du bois et donne moi 10 bonnes raisons de voter non sans arriere pensee, sans avoir l'impression que mon vote sera recupere d'une facon ou d'une autre par Jean Marie (contre qui j'avais vote aux dernieres presidentielles), sans me demander avec qui renegocier et avec quel discours (celui de droite, d'extreme droite, de gauche ou d'extreme gauche). J'ai lu tous tes articles et meme si je suis seduit par les idees, je suis plus ciconspect sur la suite des evenements en cas de victoire du non. Ne fallait-t-il pas la jouer a l'allemande sans passer par un referundum et risquer que les electeurs se trompent de debat et votent contre la politique du gouvernement en place pour traduire leur colere.»


    1. Si on allait précisément sur le texte du TCE (puisque c'est sur ça qu'on va voter), je pourrais de décrire plein d'articles dangereux à mon sens, en matière de politique étrangère par exemple, de mesures économiques... Mais cela demanderait bcp de temps et tu veux une réponse synthétique d'après ce que j'ai compris...

    2. Passons donc aussi sur le chapitre des droits sociaux qui ne sont en rien une avancée puisqu'ils ne créent aucune compétence nouvelle. Par contre l'économie libérale (on peut être pour ou contre mais encore faut-il savoir de qu'on on parle et quels sont les effets déjà mesurables du libéralisme) est inscrite dans la constitution.

    3. Quelqu'un me disait : «oui mais le risque libéral on sait l'assumer, alors que de dire Non, on ne connait pas les conséquences.» Bien sûr, rien ne va changer avec le Non, si la mobilisation n'est pas au rendez-vous derrière. ce sera malgré tout un signe. Quand au «on sait assumer le risque libéral», la personne en question ne doit pas bien mesurer l'importance du chômage, de la précarité, du temps partiel non choisi... etc..., l'accès à la santé, à l'éducation (puisque le libéralisme prevoit de privatiser ces biens publics par exemple)

    4. Passer par le parlement plutôt que demander l'avis des citoyens. De la part des parlementaires, je comprendrais une telle remarque mais de la part d'un citoyen... : tu veux donc renoncer de toi-même à ton droit de vote, parce que le texte est ardu. Oui, c'est compliqué et exigeant d'être citoyen mais les textes compliqués c'est aussi ce qui dirige notre vie. Pour moi, c'est quand même plus intéressant de voter pour le choix de société que de choisir la gueule du président (ou du non-président, comme en 2002), mais bon...

    5. La suite en cas de victoire du Non, je suis pas madame soleil, sauf qu'on se dit que ce sera à gauche que le Non peut gagner. ce sera donc sur cette base que l'on pourrait renégocier. Je dis «pourrait renégocier» parce que, comme toi, je ne suis sûr de rien. Par contre je suis sûr d'un truc. Si on dit Oui, après on pourra toujours se brosser. C'est intéressant de voir ceux qui vont Oui, nous dire que ensuite, on pourra faire évoluer politiquement la constitution alors que précisément ils se refusent de le faire maintenant.

    6. Pour Le Pen, moi aussi, (plutot à gauche, je pense que tu l'as compris mieux que tu veux bien le dire) j'ai voté Chirac. Pour autant, je pense que en France et en Europe, le danger de l'extrême droite est bien plus important qu'on ne le dit. Mais là, je me dis pas «Le Pen dit ça, donc je fais l'inverse...» Pourquoi ? Parce que si on réfléchit sur le fond, Le Pen représente les nationalistes, racistes, bcp de paumés à la réflexion politique en berne séduit par le catastrophisme Le Peniste mais incapables de mener la moindre analyse. Donc Le Pen et son parti de la France éternelle, par nationalisme étroit, ne peuvent être pro-européens. Par contre Le Pen a tout intérêt à ce que le Oui passe : cela va mettre en concurrence les peuples (je pourrais développer cette idée à l'envi) et plutôt que les rapprocher et de générer une paix durable, cela va faire monter les haines, les rancœurs et donc le vote Le Pen...Que se passera-t-il ensuite ? Les paumés se retourneront-ils contre le système ou contre ceux qu'ils croient responsables. Malheureusement, la réalité historique fait craindre que la 2e option soit prise.

    7. Dire que le vote pour le Non représente une part de colère incontrôlée, soit. Mais cette colère et plus largement, le mal être, ont bien une cause. Pour moi, c'est le système qui en cause, celui qui permet à une entreprise de partir exploiter des chinois, même si elle fait du bénef. Et là;, justement, on nous demande de dire notre mot sur ce système qui fait du marché, l'alpha et l'omega de notre organisation.

    8. On pourra tjrs le faire changer. Rien est impossible en fait sauf que dans la charte des droits fondamentaux, l'article relatif à l'interdiction de la peine de mort dit (il faut voir les annexes et explication et pas le texte seul) prévoit que celle-ci peut être rétabli... dans les cas d'insurrection et de révoltes. Bref pas très encourageant.

    9. Pas de 9 et de 10 Ziggy, Désolé il faut que je bosse un peu... Et puis, j'ai pas l'habitude d'accepter tout ce qu'on me dit de faire ;-)

    Si tu doutes encore, je pourrais te répondre demain, ensuite trop tard... N'oublie pas d'aller voter dimanche.

    10. Ah si en 10, j'ai très bien écouté les argumentaires du Oui (ce site leur est d'ailleurs consacré puisque il tente de faire l'étude d'un système de propagande à l'occasion d'une élection) et je n'a rien entendu qui m'a séduit. Donc, je vais voter nul pour leur faire plaisir.

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