• Lundi 23mai : convaincre les indécis

    L'échec de Schröder en Rhénanie... Le divorce avec le modèle social-libéral (devinez qui porte la culotte) éclate en Europe. Mais, chez nous, Jospin revient, sur ce que Julien Dray appelait, il y a 3 ans à peine, TFN. On oublie les rancunes d'hier pour sauver ce qui peut l'être.
    On annonce aussi que Chirac veut encore intervenir mais il se tâte... sur la forme. C'est pourtant bien sur le fond que son message ne passe pas. Cohn-Bendit, en pompier pyromane, «explique», faute de réussir à (con)vainvre que la «guerre civile verbale» fait office de débat.

    Sur M6, Emmanuel Chain se met en scène en faisant du social, dans une voiture de prolo, avec une ouvrière dont l'entreprise a déménagé en quelques mois, et qui a même dû aller former les ouvrière stchèques avant de prendre la porte. «Mais personne n'y peut rien, c'est la mondialisation.» Publicité pour une résignation presque apaisée. D'ailleurs, la Constitution n'y est pour rien. Pas besoin de pousser beaucoup pour avancer qu'elle serait même un rempart.

    Sur TF1, Claire Chazal demande l'avis éclairé de Johnny.

    «Le Oui n'a pas encore perdu, il faut convaincre les indécis», serine-t-on à longueur d'ondes. Pour Bernard Guetta, «il faut convaincre l'électorat de la nécessité de ces mesures.» Tout un programme. La communication au secours de l'absence de courage politique.

    Et puis Sarkozy, le candidat majoritaire, la couleuvre politique, la formule en bandoulière, semble battre en retraite. Une déprime dit-on, un problème familial. On compatit. Mais franchement, qu'est-ce qu'on en a à foutre ! Soit c'est avérér et ça ne mérite aucune commentaire, soit c'est lechoix du silence pour apparaître demain en rassembleur et ça ne méritera commentaire que plus tard.

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  • Samedi 21 mai : comme en 14

    La propagande ordinaire des jeunes UMP

    Pour défendre leur position face à la question posée, les jeunes UMP n'ont pas peur du grand écart. Attention les yeux.

    Et c'est reparti... Faute d'être suffisamment entendu (ou écouté) et malgré le déséquilibre avéré du partage de la parole dans les grands médias, l'UMP envoie ses jeunes dans l'arène de la campagne. Avec 40 adhérents en Haute-Vienne, les “jeunes populaires” disposent dans un matériel chatoyant avec des affiches jaune qui pète.
    Pour le reste, il s'agit, dixit Philippe Jallageas, «de trouver ce qui marche le mieux en communication politique.» Et plus précisément, d'aller sur le fond, «c'est-à-dire le texte». Pourtant, pour défendre son point de vue, il se garde bien d'entrer dans le détail : «respect de la dignité humaine, liberté, démocratie (art. 1.2), (...) une Constitution qui part de l'homme et qui s'adapte à l'homme (préambule partie II), (...) apparition et défense de la notion de services publics (art 2.96), etc.»
    Mais, «admettons qu'on se réveille avec la gueule de bois le 30 mai», c'est promis «on ne pourra pas renégocier.» Même si le peuple se prononce dans ce sens. «Je sais bien qu'ils ont beaucoup d'imagination en Europe, mais là...» Un rien en proie au doute malgré tout, «voter Non, c'est voter pour une Europe ultra-libérale et que ce soit les communistes qui le préconisent, c'est quand même assez étonnant», les jeunes UMP se rassurent vite, devant le spectre d'une renégociation, au pis infantilisant de la prose de Nicolas Sarkozy : «si je demande à mes trois enfants où on va en vacances, ils ne tomberont jamais d'accord et on est sûr de ne jamais partir.»
    Au rayon des “avancées” de la Constitution, coup de projecteur également sur le ministre des Affaires étrangères «qui pourra donner une position cohérente à l'Europe. Sinon, les Etats-Unis auront tout loisir de diviser pour mieux régner. Là, ça changera, à conditions bien sûr que tout le monde soit d'accord...» Et qu'à ce poste soit pressenti Javier Solana, ex-secrétaire de l'OTAN et, à ce titre, porte-flingue des bases besognes états-uniennes (En Irak mais aussi au Kosovo avec des bombardements à l'uranium appauvri) ne suscite finalement guère d'émoi...
    Affirmant plutôt que démontrant, répétitifs plutôt qu'imaginatifs, prêts à toutes les contradictions, les jeunes UMP montent au front comme les mobilisés de 1914. La fleur au fusil. Et la réflexion en berne.

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  • Vendredi 20 mai : attention les yeux


    Est-ce que le ticket Chirac-Jospin a fait quelque chose pour le Oui ? Sans doute, pense les grands médias qui en font des tonnes sur les sorties de l'ex-1er et de son ancien pire ennemi. L'ex-1er n'a aucune stratégie, dit-il... Mais pas plus d'arguments mis à part un «ils vous mentent» fondé sur les mêmes séries d'incantations que l'ami Hollande. Quant au camp du Non, voilà Fabius «qui ne fait pas campagne» et De Villiers qui la joue déjà gagnant.

    Pour la pédagogie, ou plutôt le cours magistral, Bernard Guetta s'y reprend parfois à deux fois, répondant le vendredi aux questions du jeudi posées... à François Bayrou.

    Libéraux qui s'offusquent du libéralisme, démocrates-sociaux qui se refusent de faire de la politique aujourd'hui pour mieux en faire demain, hurlent une autre menace. Celle du bolchévisme de retour, le couteau entre les dents. On sent surtout que la Constitution déchire, au PS, les partisans d'une vraie politique de gauche et les résignés au système qui nous promettent, pour demain, un avenir radieux, avec eux au pouvoir.

    La Constitution, y'en a marre, sera peut-être demain la nouvelle mode, comme pour couper l'herbe sous le pied d'un débat dont on se loue mais qu'on évite. La réalité sociale n'est pas celle que les élites voudraient. Télé comprise. Mais elle n'a, bien sûr, aucune stratégie.

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  • Jeudi 19 mai : en boucle
    Le Oui est le champion du recyclage. Il suffit que l'on démonte, texte à l'appui, l'un de ses arguments pour qu'il saute à un autre. On le démonte aussi, il passe au troisième. On contredit le troisième, voilà qu'il revient au premier, sans plus d'honneur intellectuel. Terrible autisme en fait d'un camp qui a compris qu'il se débat en vain. Et le camp du Oui de proclamer la même chose que le Non, disant par exemple que si l'Europe va mal (délocalisations, moi disant-social) la Constitution va permettre de tout arranger. Répétez un mensonge et il finira par devenir une vérité.

    Quant à la propagande... Nonobstant la présence peut-être plus grande du Non (à vérifier), la campagne officielle «rééquilibre» les données. Le pompon va quand même au PS qui, pour défendre sa position pro OUI, donne dans le sample du Non. A l'UMP, c'est une campagne à l'américaine qui augure le rétrécissement de la pensée et la mise en valeur de la mise en scène.

    Sur France Inter, le Non est plus audible... Faites-nous confiance dit Paoli, reformulant au passage les questions des auditeurs à François Bayrou, censurant ceux qui sont trop offensifs. La campagne vire à l'empoignade, arrachage d'affiches, intimidations. Nous envions votre débat dit un espagnol, et parfois nous le trouvons. Lui, est pour le OUI. Du débat, oui, mais seulement pour le OUI.

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  • Jeudi 12 mai : propagande ordinaire

    Dans le soir 3 de mercredi, tout est question de terminologie.On parle dorénavant de partisans du traité et d'opposants, comme si le Oui, après Mitterrand et De Gaulle, pouvait aussi se réclamer du Conseil national de la Résistance. Belle manipulation...

    Puis voilà un reportage sur François Fillon, en privé, dans un salon cosy avec des vrais Français (un groupe d'amis en fait) pour une campagne proche du peuple. Un petit comité que le reportage télévisuel se charge d'élargir, en faisant pénétrer cette réunion de salon, dans le salon de tous, sans trop abîmer les souliers du ministre.

    Puis un autre reportage sur les syndicats (CGT et CFDT sur le même plan) qui cherchent à recruter, en panne de militants, comme pour mettre en question leur représentativité.

    Sur les ondes radio d'Europe 1, un PS pro-Oui scande que tous les syndicats sont pour la Constitution (mensonge), que tous partis socialistes européens aussi (idem), que ceux qui votent Non n'ont pas de contre-propositions (comme si c'était le sujet).
    Sur Inter, jeudi matin à 10h, le journal ne parle pas de la Constitution. Il nous dit juste que Raffarin, maladie oblige, doit se mettre en retrait de plusieurs rendez-vous de campagne. Avec 25% d'opinions favorables, gageons que ce défenseur de la Constitution aura une convalescence plus longue que prévu.

    Pour Giscard, le référendum est une bonne idée «seulement si on vote Oui». «Si le peuple ne fait plus confiance au gouvernement, changeons le peuple», disait cyniquement Berthold Brecht... Et cachons sous le tapis ceux qui n'ont pas bonne image.

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