• Mercredi 11mai : putasserie
    Les tribunes télévisuelles offertes en ce moment au Front national tranchent avec le sort fait à l'épouvantable épouvantail dans l'entre deux tours de la dernière présidentielle. On pourrait s'interroger sur les motivations de ce retournement journalistique, si cette corporation ne brillait pas par son incapacité à prendre (et reconnaître) ses responsabilités dans la montée, par exemple, du sentiment d'insécurité.

    Bien pratique finalement ce FN qui cristallise les amalgames du camp du Oui (qui il y a un mois de cela avait bien promis de ne pas le faire) sur le mode le Non, c'est le repli xénophobe. Jack Lang, sur RTL, est même allé plus loin, annonçant, à mots à peine couverts, les risques de conflit, en cas de victoire du Non, tout en stigmatisant ceux qui défendent et rejet du projet constitutionnel, accusés d'agiter le peur.

    Un grand écart, avec le FN aussi. Que l'on voudrait bien cantonner au rôle de repoussoir, sans pour autant renforcer la thématique Facho. Sur ce terrain donc, voilà le plan Villepin de lutte contre l'immigration. Faut pas déconner...

    Sur le plateau de France europe express, voilà Gollnisch face à Copé (sur le canapé). Le Oui de la raison, le Non des extrêmes. Sur Europe 1, le Oui qui profiterait à Chirac, le Non... à Le Pen. Simplification à l'extrême pour faire du référendum autre chose que le ratification d'un ensemble d'articles, d'annexes et d'explications dont le camp du Oui peinent à parler autrement que par des incantations ou des citations raccourcies...








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  • Lundi 9 mai : un autre monde

    Dans cet autre monde, il n'y a plus du partisan d'une autre Europe, juste des franchouillards repliés sur eux-mêmes, xénophobes... L'existence d'un Non de gauche est considérée comme une frange que l'amalgame extrême droite-Non à la Constitution suffirait à faire entrer au bercail. Saluons donc l'incongruité d'un Delors qui reconnaît le Non de gauche, même si, du coup, il est contraint de se replier sur le peu glorieux argument du «meilleur des compromis possible, donc je vote oui». On pourrait ici discuter à foison le glissement des valeurs de gauche qui s'incarneraient désormais dans l'économie sociale de marché, dont aucun contour social n'est à ce jour esquissé.

    Quant à la campagne, l'équilibrage de la tendance suffit. Il s'agit maintenant de détourner l'attention, de mobiliser à droite pour le 29 mai, de dire «ayez confiance». Les jalons de la peur collective d'un moins d'Europe, soulignée (à peine en filigrane) à l'occasion des commémorations du 8 mai, sont désormais posés. On évoque la Constitution comme une protection de plus... Reprenant un soi-disant argument du Non «tous nos malheurs viennent de l'Europe» les pro-Oui s'en tiennent à marteler le contraire : «Grâce à la Constitution, tout va s'arranger.»

    Dans l'Humanité, une nouvelle campagne publique (800.000 euros en affichage 4x3m), «impartiale et neutre», les affiches citent des articles par petits bouts et les tranforme en slogans. Comme un surligneur qui ne s'attarderait que sur les mots de paix, de liberté, du bien-être du peuple. Les presque 60 ans de construction, s'ils se déroulés dans une Europe en paix (mais aussi en guerre : décolonisation, guerre du golfe 1 et 2, ex-Yougoslavie...) sont pourtant bien discutables sur les chapitres de la liberté, du bien-être.
    Bref, on peut bien vivre de nombreuses révolutions, sans jamais se départir d'une idée libérale. On peut posséder toute la rigueur scientifique, tout en ne démontrant que sa vacuité à penser les systèmes politiques au-delà d'un simple collage de faits dont l'interprétation ruine légitimité. On peut être l'une des rares à s'être arrachée aux lois de la pesanteur sans rien n'y avoir gagner en recul et retomber avec fracas, une fois sur terre, dans la sous-pensée intellectuelle. Claudie Haigneré en apporte la preuve.


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  • Vendredi 6mai : Quand la Maison de l'Europe pose
    les fondations d'une information “objective”
    Les foires expositions n'échappent pas à la question de la Constitution européenne. Heureusement, la Maison de l'Europe est là pour distiller des informations dites “neutres”.

    Depuis que le Non est apparu majoritaire dans de nombreux sondages, les pro-Oui ont sorti l'artillerie lourde. La campa-gne bat son plein. Largement déséquilibrée, comme en attestent l'ensemble des observateurs avec, dans les médias, 3/4 pour le Oui, 1/4 pour le Non. Le débat est jugé «satisfaisant» selon le président de la République, dont les apparitions (pro-Oui) échappent par ailleurs à toute comptabilité. Dans la même logique, le Canard Enchaîné signale, dans son édition du 4 mai, que le ministre de l'Education, François Fillon «a tout bonnement fourni les fichiers de l'Education nationale à la Commission européenne pour lui permettre de diffuser avec profit une brochure en faveur du Oui», auprès des lycéens de classe terminale.
    Heureusement, pour rétablir l'équilibre, la Maison de l'Europe est là. Avec «un stand financé par le Parlement européen», le “relais officiel d'information de l'Union européenne”distribue des documents «produit par les instances officielles de l'Union, avec l'aval de tous les pays représentés.»
    «On fait tout ce qu'on peut pour être neutre», affirme un président local de la Maison de l'Europe. «D'ailleurs, les reproches que l'on nous adresse des deux côtés nous fait dire qu'on occupe une ligne médiane.»
    Pourtant, à y regarder de près, les documents distribués ne sont peut-être pas si neutre que ça. Car si les brochures sur papier glacé tentent de répondre à la tentation du repli souverainiste, elles n'apportent par contre aucun aux arguments d'un Non anti-libéral. Peut-être parce que, comme le dit ce représentant local de la Maison de l'Europe «être pro-européen et dire Non à la constitution, c'est difficile, quand même.»
    Forte de ce premier postulat, la confusion entre Construction européenne et Constitution se trouve portée au rang de théorème. Pas besoin d'autres démonstrations. On peut alors éditer sans plus d'explications une documentation sous le titre générique de “Une constitution pour l'Europe” déclinant ce que cette Constitution apporterait. Un conditionnel lié au résultat du référendum mais auquel on a déjà substitué l'emploi du futur. Une méthode publicitaire (certains diront propagandiste) qui sied bien mal au souci d'objectivité.
    Est-ce parce que «les gens demandent des choses synthétiques qui évitent de lire le texte» qu'on peut résumer que cette Constitution “vise à mieux lutter contre le blanchiment d'argent”. Autre exemple, les dispositions en matière de défense apparaissent dans un court paragraphe intitulé “davantage de solidarité”. Qui a lu le projet, aura peut-être une autre opinion.
    Pourtant, le Non n'est pas totalement absent de la prose de la Maison de l'Europe. Ainsi, parmi les nombreuses pages étudiées, deux lui sont réservés... sous le vocable “opinion minoritaire”. Com-me si le vote avait déjà eu lieu...
    «C'est un peu comme le cycliste qui a les pieds dans le cale-pieds. Soit il avance, soit il tombe», compare un pro-Oui. On savait déjà que la pente était raide, désormais c'est marche ou crève.
    Quant au référendum, à la seule lecture de cet étalage d'informations “neutres”, on se demande à présent comment on pourrait le refuser. Peut-être parce qu'on l'aurait lu, compris et analyser... Ce qui pose une autre question : sommes-nous vraiment mûrs pour la démocratie ?

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  • Mercredi 4 mai : Delors déplore

    Jacques Delors :
    - Avez-vous été consulté ?
    José Bové :
    - Non la Confédération paysanne n'a pas été consulté par la Commission européenne.
    Jacques Delors :
    - Je le déplore...

    Sous des airs sympathiques, en chef du meilleur compromis possible, Jacques Delors prend le NON du côté drague. Après la gifle du père (ou grand-père) Chirac, voilà le copain. Deux émissions, deux visages, une même logique et une méthode similaire à celle de la police, lors de ses interrogatoires.

    Bon copain, Jacques Delors, sur les insuffisances du traité en matière sociale, ne peut que déplorer. Et s'amuse de ceux qui manifestent et défilent et voudraient mieux. Pour qui se prennent-ils ? Ne connaissent-ils pas la dureté des négociations ?

    Sur le plateau d'Ockrent, la référence européenne (pour le OUI vous l'auriez deviné), est un ami de Jacques... Delors. Le président de l'Eurogroupe plus exactement. Comme argument, il avance que l'Union (et donc la Constitution) aurait porté la défense de l'égalité homme-femme. Quand on sait que les textes adoptés n'ont servi dans les faits qu'à autoriser le travail des femmes de nuit, mais certainement pas résolu la question des inégalités de traitement, on a du mal à participer à ces auto-congratulations.

    Entre autres énormités, sur le plateau, le même homme nous renvoie nos pauvres à la gueule. Delors ne juge pas le lobbying «immoral», puisqu'il permet de vendre des avions. (de lever les précautions en matière d'OGM, de privatiser santé et éducation et assurances sociales, aussi). Delors s'enorgueillit aussi avoir «renversé la table» pour sauver Air France, et dit connaître la difficulté des négociations. Prière de compatir. Quand on a l'assiette vide, il reste toujours quelques larmes pour pleurer plus malheureux que soi.Ou plus heureux. A vot' bon coeur.

    Au fait, pour la place sur le canapé, propaganda ne s'était pas trompé.

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  • Cher contributeur, merci de votre apport. Las, il semble que ne disposiez aucunement de l'argumentaire suffisant pour réclamer comme vous le faites un rectificatif...

    Outre les contre-vérités des premières lignes (avancer que l'éducation, la santé, les services publics font exception à la règle de la concurrence libre et non faussée marquent une profonde méconnaissance du projet de Constitution, ainsi que des traités précédents auxquels vous faites pourtant référence. Et votre analyse élude les conséquences sociales des politiques dont vous vous réclamez), vous profitez de l'habillage soi-disant social du texte pour donner un blanc-seing au reste (la partie «politiques économiques», la seule contraignante en droit). Et vous dites :

    «Un non serait positif, seulement si il permettait une re-négociation pour aboutir à un nouveau texte qui prenne beaucoup plus en compte les positions de la gauche française, mais vous savez très bien que ce n'est pas le cas.»

    Je ne sais pas si ce sera le cas. Ce dont je suis sûr, en tout cas c'est que ça ne le sera pas si le traité est accepté. Désolé de ne pas céder à votre résignation à la politique du plus fort, puisque (vous évitez d'ailleurs le sujet) c'est bien là le fond de la question libérale.

    La re-négociation (si elle a lieu) est bien, selon vous, perdue d'avance. Pourquoi ? Parce que vous ignorez l'histoire des avancées sociales. On ne peut pas faire mieux, semblez vous dire en agitant (mais sans rien démontrer) la voie de la raison. On pourrait dire bcp sur ce qui est raisonnable ou pas. Si vous le voulez. Ou également sur le vocable que vous utilisez «pas assez libéral, trop de contraintes». Un tel débat vous enrichirez (intellectuellment), je n'en doute pas. Mais non, désolé, je ne m'inscrit pas dans cette résignation libérale ou le bien-être des populations serait une contrainte.

    Pour mesurer l'intérêt de votre contribution je renvoie les lecteurs au lien que vous avez noté... Et pense qu'un blog peut être autre chose qu'un simple délire auto-centrée sur l'air du temps et les bienfaits de la natation en grand bassin.

    Ainsi je vous fais remarquer que votre contribution n'a rien à voir avec un «rectificatif» (votre titre). Là, vous nagez en eaux troubles. Vous ne mesurez pas la portée du terme employé. Ce que vous écrivez : c'est une opinion, un sentiment... Pas plus. Alors avant d'employer les mots, merci d'en lire la définition, d'en comprendre le sens... C'est ce qu'on vous demande pour le 29 mai. N'ayez pas peur de vous interrogez sur le sens de la société... Sauf si ia piscine.

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