• Mardi 17 avril : La loi des 20-80

    La loi des 20-80 n'est pas seulement une formule de marketing selon lesquels 20 des produits feraient 80% du chiffre d'affaires. C'est aussi dans notre paysage médiatique le rapport de présence du OUI et du NON dans les média. On n'entend guère le CSA sur ce thème et pourtant (voir le site acrimed) le déséquilibre est largement avéré.

    Le camp du NON (voir Mots Croisé avec un expert européen... pour le OUI) se voit reprocher contre-vérités et légèretés, sans jamais qu'on lui dise lesquels.

    «L'Europe libérale ? Mais elle existe déjà», dit le camp du OUI. Que l'on mesure depuis Maastricht ses effets concrets (délocalisations, pertes des droits sociaux au non de la libre concurrence et du pacte dit de stabilité) ne doit en aucun cas conduire à une remise en cause, ni même à un infléchissement de cette logique. «Mes enfants aussi ont peur», témoigne le président du parlement européen, sans préciser d'ailleurs de quoi. Du chômage? De la précarité ? Nos élites mesureraient-elles la souffrance sociale ? Sans tomber dans le poujadisme, on peut relever que le principe de réalité de la casse sociale induite par le libéralisme est d'abord sensible pour ceux qui sont en bas de l'échelle. Le Président du parlement serait inspiré d'avoir un peu plus de retenue... Ou de nous dire si son intérêt européen n'a pas quelque chose à voir avec son niveau de revenu et les cercles qu'ils fréquentent...

    «Une constitution pour résister à Chine», professe J.F Copé... Et comment ? «En, devenant hautement compétitifs».On remarquera que cette compétitivité est acceptée et non discutable.Va-t-elle se traduire par du mieux-être ? Pour concurrencer les bas coûts de production chinois, comment fera l'Europe si ce n'est en baissant les siens ? Les conditions de travail et les niveaux de salaire n'en seront-ils pas affectés ? Pour concurrencer les bas coûts de production chinois, comment fera l'Europe si ce n'est en baissant les siens ? Arlette Chabot a oublié une bonne occasion de l'ouvrir...

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  • Lundi 18 avril : Il a fait pschitt...

    L'effondrement de Chirac... et le plébiscite (des militants UMP) à Sarkozy. Confronté au quotidien des jeunes, Chirac n'a pu se cacher derrière la langue de bois et le discours d'intention. Ou plutôt, cette entreprise est apparue si décalée par rapport aux attentes du bas peuple que même à droite, on le lâche pour se réfugier dans les bras du tribain Sarkozy. Qu'importe si les idées sont les mêmes, si le parti est le même, la bonne forme suffit à les différencier. Sur le fil du rasoir de la démagogie, Sarkozy emballe les soucieux de l'image, de l'émotion, du sentiment. Mais précisément, le flop chiraquien marque l'incapacité du politique à faire face au présent, à faire autre chose que décrire les problèmes, tenter d'incarner la voie qui rassure et la sécurité, exhorter au bonheur d'avoir 20 ans. «Je me souviens surtout d'ces moutons, effrayer par la liberté, s'en aller voter par millions pour l'ordre et la sécurité»,chantait Renaud il y a bien longtemps.

    Dans la campagne, la sécurité viendra plus tard. Il reste du temps pour faire peur, sauf que cette fois, il n'y aura qu'un tour.
    C'est maintenant que Le Pen doit jouer l'épouvantail. Hollande ne s'est pas gêné d'ailleurs pour utiliser le raccourci, sur le mode «camp du NON = extrême droite». Et Justement, revoilà le repoussoir. Pas rancunier sur le sort qui a été le sien durant l'entre-deux tours des Présidentielles, le Nationaliste répond dimanche 17 avril à l'invitation du grand jury RTL, Le Monde, LCI, faisant du référendum une revanche au 5 mai 2002. On ne ferait meilleur campagne pour le OUI.

    Pourtant, le FN et l'extrême droite ont tout intérêt à cette constitution. Le Pen est économiquement de droite, le libéralisme est son parti. Ensuite, en se réduisant à un système économique de marché, on va (il en est déjà question dans certaines rhétoriques) vers une mise en concurrence de la main d'œuvre, avec par exemple «le travailleur polonais» bientôt appelé à se résumer à «Le Polonais». Les conséquences du libéralisme échevelé est donc appeler à conduire à la stigmatisation de l'étranger (plutôt qu'à celle du système qui produit la mise en concurrence des hommes). En cas de crise sociale d'ampleur, il sera toujours temps pour les ultra-libéraux d'appeler les sentiments nationaux à la rescousse. «Le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte l'orage». Jaurès. Le même dont se réclame François «votez pour moi en 2007» Hollande. Tous les coups sont permis.

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  • Jeudi 14 avril :
    super-menteur à la téloche

    «Bon eh si le NON gagnait, que croiriez-vous que l'on fasse ensuite ? renégocier ? faire plus de social ?» La peur du vide revient au galop à l'approche de la cinquième semaine du NON devant... Les sondages, on essaie pourtant de les tordre dans tous les sens : sur France 2 où le NON est majoritaire chez les jeunes «mais surtout chez les plus jeunes et les moins diplômés...», sur RMC (où les auditeurs sont réac' et réducteurs à foison, et veulent le faire savoir) où on dit (en s'appuyant sur l'élection de Chirac à 80% sans doute) que le NON ne représente qu'à peine 20%... Sur TF1 où pour le soi-disant débat du chef de l'Etat, Namias annonce une répartition 1/3 de OUI, 1/3 de NON, 1/3 d'indécis, sans opinion, abstentionnistes... Jamais le parti des abstentionnistes n'a eu autant droit de citer...

    Faire peur. Faire passer l'idée du coup d'arrêt de la renégociation impossible, de la résignation au moins pire. Ceux qui le professent sont à l'abris du besoin, parlent des difficultés des Français, sans en mesurer une seconde la réalité. Sauf les auditeurs de RMC sans doute (on vous avait prévenu). L'un d'eux : «Avec le NON, ce sera pire pour les 3 millions de chômeurs français..., parce que... ce sera pire, on ne peut plus revenir en arrière.» On laisse dire, sans demander ni précision, ni arguments. Insupportable étalage de réac' en tout genre, résignés dans leur âme, revendicatifs... mais seulement pour l'utilisation de l'arbitrage vidéo dans les matchs de foot.

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  • Mercredi 14 avril :
    la nov-langue libérale

    Barnier n'est pas très bon. C'est son propre camp qui le dit. C'est pourtant l'invitée de Christine Okrent. «Nous, on ne peut pas nous taxer de faire de la politique spectacle», pouffe la journaliste. Sur le plateau, que du oui, dans le duplex, idem. La caution européenne, là aussi dans les mains du oui avec le Le ministre hollandais de l'économie BRINKHORST et un record de chômage dans son pays pour nous dire ce qu'on devrait faire. La peur que le non français induise le non hollandais, dans la foulée.

    Et la peur, aux arguments de Chevènement, Barnier tente la diversion «vous parlez comme le front national» comme si on voulait réduire le non à ce repoussoir. La ficelle est grosse, mais Okrent ne l'a voit pas.

    Les invités plantent le décor : c'est oui ou sinon l'Europe en panne. Il faut bien se résigner à entrer dans la logique de la mondialisation, en concurrence avec les autres. La chose libérale n'accepte aucun autre point de vue. Un horizon indépassable celui du marché et des relations commerciales, de la guerre économique. Tous pour le oui en Europe, sauf en France, où les partisans du oui sont des «gaulois», comprendre d'une autre temps.

    Samplant le célèbre roman orwelien, le libéralisme crée sa nov-langue : un «pacte de stabilité» rassurant mais qui décrit l'empêchement fait aux Etats de mener une politique économique volontariste. La croissance, comme si on réduisait le développement humain à celui de l'entreprise. La croissance du savoir, du bien-être, de la solidarité viendra plus tard, on nous l'a assez dit. Le développement durable pour rassurer ceux qui pensait que la croissance pouvait être dangereuse pour la planète. Le oui de l'intelligence face au non obscurantiste, le tableau est dressé, ce qui va suivre ne ressemblera pas beaucoup à un débat, plutôt à des slogans visant à assimiler le non de gauche et celui du FN.

    Avez-vous remarquer que jamais les ouistes ne citent un article en entier, préférant sélectionner des mots cache-misère ? Plein-emploi, respect des diversités... Une tonne de bonnes intentions que jamais la lecture d'un article ne vient confirmer.

    Et le traité de Nice, convenable et même bon quand on le signa, aux effets dévastateurs aujourd'hui. Et pour faire mieux, il faut commencer par en remettre une couche. La médecine aussi, parfois, s'acharne dans ses erreurs. On lui demande rarement des comptes.

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  • Mardi 12 avril : Monopole de la parole pédagogique

    Il vient de l'étranger, incarne l'Europe. L'expert européen, figurant dans cette campagne le mari cocu du sacro-saint couple franco-allemand, vient nous dire la voie de la raison. La sociale démocrate allemande, alliée naturelle des ouistes, résume la parole des Européens qui s'inquiètent du non français. Cet expert fait pourtant ouvertement campagne. Avec en filigrane «les Européens unanimes pour la Constitution». Après la campagne espagnole («où des communistes ont dit que la Constitution allait ramener la peine de mort»), avant la Grande-Bretagne («où on pense que la Constitution est trop sociale»), il s'invite dans la campagne française.
    Et campe pour le oui, signifiant par le rôle qu'on lui donne l'incongruité du non. Majoritaire en France mais ô combien minoritaire dans l'Europe et dans le monde, le non serait une expression rabougrie de sous-citoyens, effrayés par un projet novateur, moderne... libéral.

    La pédagogie voulue par le oui consiste alors à expliquer un texte d'une manière partisane, sous principe d'objectivité. Tellement habitués à cette société inégale dont ils représentent l'élite (et qui, en ce sens, leur convient) les thuriféraires du oui se veulent entreprenants, courageux, ouverts, là où la conservation de leur place dans la société les fait apparaître comme conservateurs, frileux au changement, intellectuellement étroits, chômeurs, ou mal payés. Ils ne comprennent pas, mais ce n'est pas grave puisqu'on va leur expliquer. Pour les faire entrer dans le moule. Et tant pis si l'entonnoir du gavage fait quelques victimes : il faut bien s'adapter au marché.

    Les sondages finiront bien par en être affectés. D'ailleurs, à la radio, on apprend que «si les Français se prononcent pour le non, ils espèrent, en majorité, que le oui va l'emporter.»

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